- © AP
Le roi de l'autographe et la photo-souvenir a reperdu ses cheveux
DEAUVILLE
À l'applaudimètre, c'est peut-être la star la plus acclamée que
Deauville a accueillie jusqu'ici. Il faut dire que Vin Diesel sait y
faire pour soigner sa popularité. Prévue à 18 heures tapantes, sa
conférence de presse a commencé avec plus d'une demi-heure de retard
pour la (très) bonne raison que l'acteur a signé des centaines
d'autographes. Un petit cliché par-ci, un bisou par-là, le garçon est,
comme le souligne le scénariste de Find me guilty , présent à ses côtés, un dur au grand coeur. C'est d'ailleurs pour cette raison aussi que Sydney Lumet, réalisateur des cultissimes Serpico, Le verdict ou Douze hommes en colère Une
énergie qui, dans un premier temps, a déstabilisé le comédien, plutôt
habitué aux rôles de gros bras pas forcément très futés. "Nous avons bouclé le film en 28 jours, alors que 30 étaient prévus. Sydney faisait très peu de prises, mais par contre nous
avions travaillé beaucoup en amont, nous avions beaucoup répété. Il
m'avait même demandé d'être maquillé pour les répétitions. Au début, je
ne voyais pas vraiment pourquoi je devais passer deux heures au
maquillage (et chez le coiffeur, puisque, pour le coup, il a des cheveux, NdlR). Il m'a dit Ce n'est pas pour toi, c'est pour tous les autres. Je n'ai pas envie qu'ils voient Vin Diesel en face d'eux. Je veux qu'ils voient Jackie DiNorscio. " Et
pour le coup, Vin a travaillé dur. Un an avant le début du premier
clap, il regardait des cassettes vidéo du procès, essayait de trouver
son accent, sa manière de bouger. "J'ai pris du poids, pour être
aussi gros que lui. À l'approche du tournage, je l'ai également appelé,
pour lui lire des pages de monologue, juste pour entendre son avis. Et
puis, le premier jour, il a débarqué sur le plateau et tout mon travail
s'est envolé par la fenêtre. J'ai compris que, pour incarner cet homme
le plus justement possible, il fallait simplement que je ne passe pas à
côté d'une chose : son code d'honneur. C'était ça, plus que tout, qui
lui tenait à coeur. " Quant à l'humour, présent tout au long de ce (long) film de procès, Vin y tenait beaucoup. Trop, peut-être. "Je
n'arrêtais pas de dire à Sydney que j'étais censé être drôle, que les
gens sur le set devaient se marrer, que DiNorscio était un comédien-né.
Il me répondait, imperturbable, que je devais me concentrer sur mon
personnage, que les situations comiques viendraient d'elles-mêmes. Je
lui ai fait confiance, j'ai eu raison... " Tout comme il a eu raison de surmonter son a priori lorsqu'on lui a proposé le rôle. "Je
ne voyais pas en quoi je ressemblais à ce mec. Mais deux heures de
maquillage plus tard, c'est vrai, j'entrais dans sa peau. Et puis,
quelle récompense. Vous savez, quand vous êtes acteur, il y a deux
façons d'avoir le sentiment d'atteindre un but. Soit vous recevez un
Oscar. Soit vous tournez avec un tout grand réalisateur. J'ai eu la
chance de faire une vraie et magnifique rencontre avec Sydney Lumet.
Penser que j'ai eu cette chance, comme d'autres - Pacino, Brando -
l'ont eue avant moi est un véritable honneur." Derrière
ses lunettes de soleil, Vin Diesel sourit. Il pose encore pour les
quelques fans, qui tentent de lui voler une image, à l'extérieur de la
salle de presse. Au passage, il rappelle, un rien flagorneur, que c'est
en France et en français qu'a été écrite la première critique de son
premier court métrage. Nous, on se dit qu'avec l'expérience acquise, il
pourrait repasser derrière la caméra. Sûr qu'il le ferait bien... |